BRESIL – Université fédérale du Minas Gerais – Manuel MEDINA ORTEGA

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BRESIL – Université fédérale du Minas Gerais – Manuel MEDINA ORTEGA

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L’Université fédérale du Minas Gerais, la faculté de Milton Campos, l’Université catholique pontificale et la faculté de droit Dom Helder Camara ont organisé une conférence intitulée “La sécurité internationale et européenne et les relations étrangères avec l’Amérique du Sud” pour discuter de la compréhension des perspectives entourant la configuration géopolitique et juridique actuelle des relations entre l’Union européenne et l’Amérique du Sud dans le cadre de la politique de sécurité adoptée par des instruments internationaux reflétant les positions communes adoptées par les deux régions. Manuel MEDINA ORTEGA, membre de l’AAD, a participé à ces événements.

Rapport de mission: LA PAIX DANS LE MONDE VUE D’AMÉRIQUE LATINE

Le programme «PE au campus» m’a permis de participer à un séminaire international consacré à la «politique étrangère, sécurité et stratégie: les relations entre l’Amérique du Sud et l’Europe» à la faculté de droit de l’université fédérale du Minas Gerais à Belo Horizonte, la capitale de l’État du Minas Gerais, au Brésil, du 18 au 19 octobre 2018. Dans le cadre de cette visite au Brésil, j’ai également été invité à donner une conférence sur le droit des réfugiés au sein de l’Union européenne, à la «Dom Helder School of Law», un centre universitaire privé de Belo Horizonte, et à rencontrer des étudiants et des professeurs du master en droit international de la faculté de droit de l’université fédérale, afin de discuter des relations entre l’Union européenne et l’Amérique latine.

Il y a trois ans, en 2015, j’avais déjà participé à un programme commun similaire à celui-ci avec l’université fédérale de Minas Gerais et l’université de Itaúna, une institution privée située près de Belo Horizonte. Lors de ma première visite, les partis d’opposition avaient commencé à prendre des mesures visant à destituer la présidente de la République, Dilma Rousseff, membre du parti des travailleurs, un parti de gauche dirigé par l’ancien président Luis Ignacio «Lula» da Silva. Peu avant ma deuxième visite à Belo Horizonte, les tribunaux brésiliens avaient empêché Lula de se représenter à la présidence du pays. Michel Temer, le successeur de Mme Rousseff à la présidence de la République et l’une des personnes qui l’ont poussée vers la sortie, a été inculpé pour corruption alors que j’étais au Brésil au mois d’octobre. Ma récente visite à Belo Horizonte a eu lieu entre le premier et le second tour des élections présidentielles, parlementaires, régionales et municipales. Le second tour s’est déroulé le 29 octobre, soit juste après l’envoi de cet article à l’imprimerie. Les lecteurs ne pourront donc pas espérer y trouver des nouvelles fraîches sur les résultats des élections. Les sondages d’opinion annoncent la victoire du candidat d’extrême droite à la présidence, Jair Bolsonaro, un capitaine de l’armée à la retraite. Selon les sondages toujours, le parti des travailleurs de Lula resterait le plus grand groupe politique au Congrès et conserverait un bon nombre de mairies et de gouvernorats d’État. La campagne électorale battait son plein lorsqu’un petit groupe de professeurs européens et latino-américains discutaient de la paix et de la sécurité dans l’ambiance feutrée du monde universitaire.

L’Amérique latine jouit d’une position privilégiée au niveau international en tant qu’espace commun de paix et de sécurité. L’instabilité relative de plusieurs systèmes politiques nationaux en Amérique latine et la position dominante des États-Unis sur l’ensemble du continent américain n’empêchent pas les Latino-Américains de jouer judicieusement leurs cartes sur la scène internationale. Cette situation internationale relativement pacifique s’explique en partie par le fait que les questions de paix et de sécurité ne sont pas aussi sensibles pour les gouvernements latino-américains que pour les États européens, qui sont aujourd’hui exposés à l’agressivité de la politique étrangère russe, à la menace de plus en plus présente du terrorisme islamiste et à l’intensification des mouvements migratoires aux frontières extérieures de l’Union.

J’ai signalé cette divergence dans le rapport que j’ai rédigé pour le groupe d’experts sur «La politique européenne commune et de sécurité et la géopolitique mondiale», dont faisaient partie plusieurs professeurs venus notamment du Portugal (Isabel Cabrita), d’Uruguay (Diego Escuder) et du Brésil (Flavianne Bolzan de Morais). Faute d’espace, je ne peux pas dresser ici la liste

complète des participants et des différents points abordés au sein de chaque groupe de discussion. Le séminaire a porté sur l’ensemble des questions relatives à la paix et à la sécurité, y compris les migrations, le terrorisme et les menaces qui pèsent sur l’environnement. Le rapport du professeur Enzo Cannizzaro, de l’université de la Sapienza à Rome, sur la question controversée de «la responsabilité de protéger», m’a paru particulièrement intéressant.

Avant de prendre l’avion pour le Brésil, je redoutais la situation dans laquelle j’allais trouver ce pays, plongé dans une campagne électorale qui avait accentué les tensions politiques et l’incertitude économique. En effet, durant mon court séjour à Belo Horizonte, le réal brésilien a été dévalué et la bourse a chuté en conséquence, pendant que la violence politique et la criminalité de rue continuaient à se déchaîner. Dans ce contexte, de nombreux jeunes brésiliens se réjouissent à présent des opportunités professionnelles que l’Europe peut leur offrir en améliorant leurs débouchés professionnels et leurs conditions de vie. Les nombreux Brésiliens qui descendent d’Européens qui ont migré récemment vers le nouveau continent ont le droit d’acquérir la citoyenneté de l’un des États

membres de l’Union européenne. Le nombre de demandes de citoyenneté portugaise soumises au consulat du Portugal à Sao Paulo était si élevé que le gouvernement a été contraint de refuser toute nouvelle demande dans ce consulat jusqu’à l’année prochaine.

Il est impossible de résoudre le problème du chômage et d’améliorer les conditions de vie en Amérique latine en acceptant comme immigrés en situation régulière tous ceux qui souhaitent venir en Europe, en particulier lorsque les partis eurosceptiques utilisent l’arrivée de migrants en Europe pour faire campagne contre l’intégration européenne. D’un autre côté, depuis que Christophe Colomb a découvert le continent américain il y a cinq cents ans, l’Amérique latine a accueilli des centaines de milliers de migrants européens. Dans un système social, politique et économique mondialisé, l’isolement n’est pas la solution aux problèmes de pauvreté et d’inégalité. Nous devons coopérer plus étroitement avec l’Amérique latine. L’Union européenne devrait réfléchir à la façon de mettre en place de nouvelles dispositions à l’échelle mondiale qui pourraient aider à résoudre nos problèmes et ceux de nos frères et sœurs de l’autre côté de l’océan Atlantique.

Dans ce contexte, il faut se rappeler que le Brésil, comme toute l’Amérique latine, peut compter sur une nouvelle génération d’étudiants et de professeurs universitaires compétents, travailleurs et bien préparés qui ont reçu une formation dans nos universités et nos centres de recherche. Ils sont prêts à collaborer afin de trouver des solutions à nos problèmes communs dans un monde qui s’est considérablement rétréci depuis la révolution technologique et qui permet ainsi d’échanger largement les connaissances au-delà des frontières des États nations, anciens et nouveaux.

Détails

Début :
octobre 18, 2018
Fin :
octobre 19, 2018
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