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L’Europe doit maintenir les droits de l’homme au centre de ses agendas numériques et démocratiques. Tel est le message clé du débat en deux parties qui s’est tenu en décembre sur le thème “La transformation numérique à l’européenne”, dans le cadre de la série “Ensemble pour l’avenir de l’Europe”.

 

L’Europe doit être le normalisateur numérique, ce qui est essentiel pour le rétablissement de notre démocratie face aux défis forts et persistants des agents de désinformation. Les orateurs ont déclaré que pour y parvenir, nous avons besoin d’un niveau plus élevé de culture numérique chez les utilisateurs – l’Europe doit renforcer la capacité des citoyens à avoir une pensée critique, notamment en ce qui concerne les médias que nous consommons et l’effet de coup de pouce de la publicité.

 

Capitalisme de surveillance

Le capitalisme de surveillance mine la pensée critique et est devenu imperceptible pour la plupart des citoyens. Nous devons donc faire davantage pour défendre nos communautés contre les efforts malveillants visant à encourager les comportements des consommateurs, sociaux et politiques par le biais de la publicité payante et du masque des contenus payants. Les intervenants ont déclaré que la transparence de la publicité et de la propriété des médias est essentielle à la construction d’un espace médiatique public plus responsable et à l’instauration de conditions plus équitables pour le discours démocratique.

La clé de la réalisation de ces ambitions est le développement de nouveaux talents émergents dans le domaine de la gestion numérique et des communications modernes. Les anciens moyens de communication ayant été rapidement dépassés par des spécialistes des médias sociaux bien financés.

Les intervenants, venus d’horizons divers, ont convenu qu’il faut être prêt à soutenir une presse libre, en veillant à ce que les citoyens aient la capacité de décider par eux-mêmes. Ils ont déclaré qu’il fallait s’adresser à “l’éléphant dans la salle”, c’est-à-dire aux médias d’État, dominés par les messages pro-gouvernementaux. Nous avons besoin de sociétés informées, exemptes des messages toxiques des aspirants autoritaires et des dirigeants corrompus, ceux qui ont l’intention de maintenir le pouvoir pour leur profit personnel et tribal.

 

Un espace public qui renaît

Un espace commun, véritablement public, doit renaître, où un sentiment d’opportunité doit prévaloir pour la discussion des idées, sans crainte d’exclusion, de punition ou de sanction subtile.

Les experts ont déclaré qu’AI ne doit pas soumettre les droits de l’homme. Elle doit être au service de notre société, et non pas être un arbitre. Ainsi, un nouveau cadre juridique visant à encourager l’innovation doit rester suffisamment flexible pour aider à la maturation de notre démocratie. Nous devons trouver des moyens de développer une approche de l’intelligence artificielle basée sur les valeurs, en nous demandant ce qu’il advient du service ou du produit d’AI, “en quoi est-ce un bien public ?

 

Démocratie, valeurs de l’UE et transformation numérique

La première des deux tables rondes, intitulée “Démocratie, valeurs de l’UE et transformation numérique”, a abordé les défis de la nouvelle éthique numérique et de la dignité humaine ; le rôle du contrôle et de la sécurité des données et de la vie privée ; la liberté et la non-discrimination ; la participation du citoyen dans la nouvelle arène politique numérique et la démocratie représentative ; et la transparence – l’implication humaine dans les systèmes numérisés et la responsabilité des décisions guidées par les systèmes d’intelligence artificielle.

Le panel a débattu de la question de savoir si la technologie est vraiment neutre ; les intervenants ont affirmé que les préjugés du concepteur du code se traduisent trop facilement dans l’utilisation du produit ou du service technologique. Cependant, il a été généralement convenu que nous pouvons créer des principes directeurs clairs pour le développement technologique.

La question a été soulevée de savoir s’il y a un conflit entre la démocratie, la surveillance de masse et le capitalisme de surveillance. En bref, oui, il y a un conflit évident, et il est nécessaire que les décideurs politiques identifient les meilleures pratiques pour atténuer les risques liés à la numérisation. Sinon, une société axée sur les données conduira à une nouvelle forme d’inégalité – notamment parce que le capitalisme de surveillance altère imperceptiblement les valeurs publiques et que la formation de l’opinion est de plus en plus une manipulation subtile, axée sur l’argent, de notre offre d’informations.

 

Le rôle des médias européens dans le façonnage de la convergence numérique

La deuxième table ronde a porté sur le “Rôle des médias européens dans le façonnement de la convergence numérique au profit de la société et du renforcement de la démocratie”. Les intervenants ont discuté du mandat d’un média libre et indépendant en tant que gardien de la démocratie ; vérifier les faits et parler sans crainte de représailles gouvernementales.

Le panel a donné des exemples de la manière dont le manque de transparence en matière de publicité et de propriété dans certains États membres européens conduit à une concentration dangereuse, corrosive et antidémocratique de la propriété des médias. Il a montré comment la forte concentration des intermédiaires numériques, dans des pays comme la Hongrie, conduit à un copier/coller de la ligne éditoriale du bureau de presse du gouvernement dans de nombreux médias influents.

Le panel a expliqué comment la concentration de la propriété des médias, parfois facilitée par les gouvernements nationaux, fait progresser un modèle économique destructeur en Europe, entravant ainsi un véritable débat démocratique.

 

Modèle commercial des fausses nouvelles

A cette dimension s’ajoute la question de savoir si une déformation du concept de “liberté de la presse” est devenue une licence pour un modèle commercial de “Fake News”, où l’IA modifie fondamentalement notre concept de démocratie par le biais de messages hyper ciblés et de récits d’actualité financés par des acteurs politiques agissant pour leur profit et leur pouvoir personnels.

Pour contrer cette radicalisation du paysage médiatique européen, il a été demandé que davantage soit fait au niveau européen pour améliorer la santé numérique, peut-être en en faisant un élément obligatoire de l’éducation pour tous les citoyens, et ce dès le plus jeune âge.