Le webinaire «Ensemble pour l’avenir de l’Europe» était le premier d’une nouvelle série de séminaires en ligne organisés par l’Association des anciens députés au Parlement européen. Des personnalités éminentes ont débattu sur l’orientation que l’Union européenne devrait prendre pour répondre aux défis qui l’attendent, dont beaucoup sont sensiblement aggravés par la crise de la COVID‑19.

 

Hans‑Gert Pöttering, président de l’AAD et ancien Président du Parlement européen, a souligné que la dignité de l’être humain devait rester le point de départ des discussions sur l’avenir de l’Union. Selon lui, la primauté de la dignité humaine étant le fondement de la construction européenne, c’est sur ce principe que reposera l’évolution permanente de l’Europe en tant que communauté fondée sur des valeurs.

 

De l’avis de Jürgen Martens, président du Forum libéral européen, les principes fondateurs de l’Europe sont en danger et nos valeurs démocratiques sont affaiblies. La belligérance russe en Biélorussie est un exemple de la nécessité pour l’Union d’élaborer une politique étrangère et de sécurité commune plus solide. Mikuláš Dzurinda, président du Centre Wilfried Martens d’études européennes, pour qui la menace numérique chinoise largement débattue fait partie de ces belligérants, a invité l’Europe à ne plus dépendre de la Chine pour son approvisionnement en médicaments, et fait remarquer que toute dictature avait ses limites.

 

Conscient que sa propre région d’Europe centrale et orientale devait améliorer la qualité de sa démocratie et renforcer l’état de droit, Mikuláš Dzurinda a identifié quatre défis majeurs pour l’Europe: la création de nouveaux emplois de qualité dans le contexte du déploiement de l’IA et de la robotique, la préparation à un assainissement budgétaire après la crise de la COVID‑19, l’adhésion à l’état de droit, et la subsidiarité en tant que moyen de promotion de la réforme de l’Europe.

 

Interrogé sur la création éventuelle d’une armée européenne, Mikuláš Dzurina a déclaré que c’était possible et souhaitable – un avis fortement appuyé par Hans‑Gert Pöttering – et que la paix actuelle durement gagnée dépendait de valeurs communes, des valeurs qui sont menacées par des mouvements populistes au sein de l’Union et par des acteurs étatiques malveillants qui alimentent les causes populistes depuis les frontières extérieures de l’Europe.

 

Maria João Rodrigues, présidente de la Fondation européenne d’études progressistes, a plaidé avec insistance en faveur de nouvelles ressources propres pour l’Europe, notamment de nouveaux types de taxes dont la charge ne devrait pas, selon elle, être supportée directement par les citoyens européens mais par les grandes entreprises qui, actuellement, ne paient pas leur juste part.

 

Pour que l’Europe puisse atteindre ses objectifs pour la prochaine génération, il convient de faire progresser le socle social; la priorité accordée aux besoins sociaux permet clairement d’unir les citoyens européens dans une communauté de valeurs. En outre, lorsqu’elle traite avec la Chine et les États‑Unis, l’Union européenne ne devrait pas venir à la table des négociations dans un esprit d’acceptation mais pour défendre les valeurs qui lui sont chères.

 

Susanne Rieger, coprésidente de la Fondation verte pour l’Europe, a fait écho à l’appel de Mme Rodrigues en faveur d’une nouvelle dynamique sociale, mais elle a plaidé pour qu’une place plus importante soit accordée à la société civile afin d’améliorer l’élaboration des politiques de l’Union et d’associer les citoyens de manière significative et visible. Mme Rieger a fait remarquer que le pacte vert était une occasion prometteuse de refaçonner les futurs marchés du travail de l’Europe, ainsi qu’un moyen pour l’Union de maximiser son rôle de premier plan en matière de commerce international durable.

 

Renaud Dehousse, président de l’Institut universitaire européen, a rejoint les invités. Il a comparé la crise de la COVID‑19 à la crise économique de 2008. Cette comparaison a suscité plusieurs remarques des participants, qui ont souligné l’égoïsme initial des États membres au début de chaque crise, mais leur revirement rapide en 2020 avec la mise en place d’un plan communautaire énergique pour répondre au défi posé par l’évolution accélérée de la COVID‑19.

 

Plusieurs intervenants ont évoqué la nécessité de s’appuyer sur cette expérience et de tirer des enseignements qui permettront de faire face aux crises futures par une coopération régionale, plutôt que par la fermeture des frontières nationales et par des mesures de large portée qui ont nui à l’économie et à l’unité politique de l’Europe. Le moment est venu, à leur sens, d’apprendre, d’avancer et de se préparer.

 

Le webinaire a lancé une nouvelle coopération à long terme entre l’AAD, les fondations politiques européennes et l’Institut universitaire européen. La série se traduira par des initiatives visant à examiner les implications pour le projet européen, à court terme et à long terme, de la crise de la COVID‑19. Ces initiatives encourageront un débat ouvert sur les principaux défis, dans le but d’approfondir la discussion sur les différents thèmes directeurs au cours des sessions suivantes.

 

L’événement a reçu le soutien du service de recherche du Parlement européen (EPRS) qui a fourni des informations générales et des éclairages sur les thèmes directeurs de la manifestation. Les liens vers les sources d’information sont disponibles sur notre site internet et sur notre page Facebook consacrée à l’événement.