Un ancien membre a été invité à participer au programme d’été sur “La démocratie parlementaire en Europe”, qui était consacré aux élections parlementaires et à la responsabilité démocratique à l’ère du populisme. Notre membre Enrique Barón Crespo a assisté à l’événement. Vous pouvez lire ci-dessous son rapport qui a été publié dans le Bulletin de l’AAD de septembre 2019.
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ITALIE – Université Luiss Guido Carli – Enrique BARÓN CRESPO
Ecole d'été à LUISSl- Juillet 2019:
Rapport sur le programme d'été de l'université LUISS Guido Carli
L’université d’été de LUISS Guido Carli, dont la huitième édition, consacrée aux élections législatives et à la responsabilité démocratique à l’heure du populisme, a organisé, le 19 juillet à Rome une conférence sur «L’eurosceptisme et le nouveau Parlement européen: quelles perspectives après les élections de 2019?».
La rencontre a suscité un vif intérêt parmi les participants, en raison de la qualité d’orateurs tels que: Enrique Barón Crespo, président de l’AAD; Nicola Lupo, professeur à l’université LUISS; et Jan Wouters, professeur à la KU Leuven. Cristina Fasone, directrice du programme Jean Monnet, a présenté les sujets qui seraient abordés, parmi lesquels: les enjeux auxquels devra faire face le prochain Parlement européen, le futur rôle des groupes eurosceptiques en Europe, l’influence des députés eurosceptiques dans la procédure législative et les relations interinstitutionnelles après le Brexit et les opportunités qui pourraient être exploitées par les eurosceptiques et les souverainistes. En présentant sa vision positive de l’Europe, le président Barón Crespo a rappelé la participation élevée des citoyens aux récentes élections européennes (avec une augmentation de presque 10 points par rapport aux élections précédentes), bien que des systèmes électoraux complètement différents aient été utilisés, et que l’euro n’ait pas été remis en question. C’est plutôt une volonté de consolider les frontières qui a été constatée, compte tenu des valeurs et principes énoncés dans le traité de Lisbonne, lequel est, dans la pratique, remplacé par le pacte budgétaire.
Pour lui, «Les enjeux seront: la coopération, l’immigration, le budget, la politique étrangère, la défense et la sécurité, le chômage, le changement climatique (avec des compensations qui seraient régies par un «green deal») et les accords commerciaux tels que EU-MERCOSUR. La véritable révolution sera de parvenir à l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes, comme l’a déclaré la nouvelle présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. La procédure de codécision entre les institutions devient essentielle dans un Parlement européen de plus en plus politisé, où les demandes de vote au scrutin secret sont inappropriées et que les Britanniques semblent ne plus vouloir quitter, continuant de jouer un rôle clé dans l’élection des membres des bureaux comme dans les travaux des commissions parlementaires».
Tous les rapporteurs ont souligné la volonté des eurosceptiques d’entraver toute forme d’intégration en ralentissant le rythme des réformes et des décisions et ont examiné la formation de majorités variables, en fonction de l’ordre du jour du Parlement européen, dans une législature 2019-2024 qui sera tout sauf monotone. Après la conférence, nous avons pris part à l’assemblée générale du Centro di Studi sul Parlamento (CESP, centre d’études parlementaires de l’université LUISS), présidée par M. Andrea Manzella. Dans son discours, il a abordé le «populisme» à partir d’une politique des émotions qui ne permet pas d’établir de prévisions. Comme il l’analyse dans son livre paru récemment, intitulé «Il Parlamento europeo, una introduzione» (Le Parlement européen, une introduction) et écrit avec Nicola Lupo, il considère qu’une présence souverainiste est
«utile, voire indispensable» pour autant qu’elle reste «une opposition interne au système». Il estime que le populisme est une minorité donnant une impulsion, et non une force eurosceptique d’une ampleur qui lui permette d’entraver l’intégration européenne. Il est d’avis qu’il sera nécessaire de renforcer les efforts communs du Parlement européen et des parlements nationaux afin de réaliser la coopération parlementaire prévue par les traités de l’Union européenne, au sein de laquelle
le statut d’opposition est reconnu aux souverainistes dans un espace européen interne. Il s’agit d’une analyse partagée par Marta Dassù, directrice d’Aspenia, qui considère que la modification des règlements revêt une importance capitale, afin d’éviter des positions politiques rigides, facteurs de contestations inutiles. Et que l’initiative législative au Parlement européen est
primordiale, puisque qu’elle permet de renforcer la politique étrangère et de défense commune en se fondant sur l’économie et la sécurité, et de regagner la confiance des citoyens au sein des États membres. Je suis personnellement convaincue que le rôle du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité sera déterminant.
Par Monica Baldi