Visite virtuelle en Allemagne

Les 26 et 27 octobre 2020, une délégation de 19 représentants de l’Association des anciens députés au Parlement européen (AAD) issus de neuf États membres, menée par le président de l’AAD Hans-Gert Pöttering, a participé à un événement en ligne à Berlin.

Georg Pfeiffer, chef du bureau de liaison du Parlement européen à Berlin, a souhaité la bienvenue aux participants et leur a présenté les activités du bureau de liaison. Ce dernier, en tant que bureau d’information officiel, informe le public sur le fonctionnement du Parlement européen, en particulier les jeunes qui représentent son principal groupe cible. Dans sa réponse à l’ancien député Roy Palmer qui demandait plus d’informations sur ce groupe, M. Pfeiffer a indiqué que l’organisation souhaitait également mettre davantage en valeur l’Union européenne et son implication dans les écoles techniques, appelées Berufsschule en Allemagne.

 

 

 

Après une courte pause, les participants ont eu l’occasion de poser quelques questions à Wolfgang Schäuble, président du Bundestag. En outre, le président s’est notamment exprimé sur la crise sanitaire mondiale que nous traversons actuellement: «Les fonds mis à disposition pour lutter contre la COVID-19 doivent être utilisés rapidement et efficacement, pour que cette dynamique de l’Europe ne s’essouffle pas. Le problème n’a jamais été le manque d’argent mais l’absence de mise en œuvre».

En réponse à ce problème, il a souhaité que l’Europe fasse davantage entendre sa voix. «Cette crise est également une opportunité pour l’Europe. Nous devons être plus productifs si nous voulons être sûrs de pouvoir gérer tous les risques». Par «risques», il n’entendait pas seulement la pandémie de COVID-19, mais aussi d’autres problèmes qui perdurent depuis beaucoup plus longtemps et auxquels il convient d’apporter des réponses, tels que les flux migratoires, le réchauffement planétaire et les conséquences négatives de la numérisation. «Nous devons être généreux et ne pas juger. Si nous souhaitons œuvrer en faveur d’une Europe plus unie, nous devons nous écouter les uns les autres et débattre inlassablement de ces questions. En fin de compte, nous nous devons de respecter des opinions différentes.»

La crise de la COVID-19 et l’importance de la coopération ont également été au cœur des discussions de la réunion de l’après-midi avec Jörg Van Essen Le vice-président de l’Association des anciens députés du Bundestag et du Parlement européen a cité l’exemple du Schleswig-Holstein, qui a fermé ses frontières aux habitants de Hambourg pour promouvoir la coopération au niveau parlementaire. «Les messages que nous faisons passer aux citoyens doivent toujours laisser briller une lueur d’espoir, en particulier dans les périodes difficiles.»

 

Axel Dittmann, directeur chargé des affaires institutionnelles, du Brexit et de la coordination de l’Union européenne au sein du ministère fédéral allemand des affaires étrangères, s’est exprimé sur la réponse à la crise de la COVID-19, les négociations sur le Brexit, la conférence sur l’avenir de l’Europe, l’état de droit, les objectifs climatiques (notamment le plan cible en matière de climat à l’horizon 2030 et le pacte vert de l’Union pour la neutralité climatique de l’Union d’ici à 2050), les élections américaines et le rôle de l’Union dans le monde. À son avis, davantage d’efforts devraient être consentis pour garantir l’ouverture de l’Union européenne: «Une Europe juste, sociale et inclusive est le thème clé de notre présidence».

 

 

 

 

 

La dernière réunion virtuelle du lundi 26 octobre 2020 s’est tenue avec Gunther Krichbaum, président de la commission des affaires européennes du Bundestag, et Nezahat Baradari et Katrin Staffler, députées au Bundestag. Les débats avec l’AAD ont porté sur le cadre financier pluriannuel (CFP) et les fonds de Next Generation UE, le rôle de la numérisation, l’agriculture, la pêche, l’état de droit et les soins de santé. Concernant les soins de santé, M. Krichbaum a déclaré qu’«il [était] nécessaire de faire preuve de solidarité, même si nous traversons une crise profonde». Selon lui, chaque pays était tellement absorbé par ses propres difficultés qu’il n’était plus relié aux autres. À son avis, ce lien est précisément l’atout qu’il convient d’utiliser en temps de crise. Gunter Krichbaum a résumé l’avis général de la réunion par ces mots: «Wir sind zum unserem Glück vereint», ce qui signifie «Heureusement pour nous, nous sommes unis».

 

 

Le deuxième jour de la manifestation, la délégation de l’AAD a rencontré des représentants de trois institutions allemandes et d’organisations de la société civile pour parler du débat sur l’avenir de l’Europe. De l’avis de Markus Vennewald du Mouvement européen Allemagne (Europäische Bewegung Deutschlands), les Européens devraient être davantage associés aux débats sur l’avenir de l’Europe dans le cadre d’un processus transparent et ouvert. Clara Föller, présidente fédérale des Jeunes fédéralistes européens – Allemagne (Junge Europäische Föderalisten Deutschlands) a indiqué qu’elle souhaitait impliquer les jeunes de manière positive afin de rendre l’Union européenne plus forte. Frank Heuberger, du Réseau national de la société civile (Bundesnetzwerk Bürgerschaftliches Engagement) a appuyé l’avis de Markus Vennewald en parlant d’une approche à la fois descendante et ascendante dans les relations entre les citoyens européens et leurs institutions.

Des membres de plusieurs organisations de la société civile ont débattu du rôle des Européens dans les discussions sur l’avenir de l’Europe. Selon eux, il est particulièrement important d’y associer les jeunes. De l’avis de Christian Johann, directeur de l’Académie européenne de Berlin, l’Union doit ramener Bruxelles au cœur de la société pour favoriser le dialogue entre l’UE et les jeunes. Markus Schlageter, vice-président du Conseil fédéral allemand de la jeunesse, a ajouté que la conférence sur l’avenir de l’Europe devait se pencher sur les problèmes psychiques et sociaux auxquels sont confrontés de nombreux jeunes, et il a souligné la nécessité de la participation des organisations de la société civile. Selon Julian Rappold, chargé de recherche principal à la Société allemande pour la politique étrangère, «[nous] devons poursuivre ce débat en ligne et sortir de la bulle bruxelloise». Pour ce faire, Susanne Wixforth, conseillère pour la politique européenne à la Confédération allemande des syndicats (Deutscher Gewerkschaftsbund), a suggéré d’accroître la participation par le biais d’ateliers, de réunions et de plateformes spécifiques. D’après elle, pendant la crise de la COVID-19, nous devrions davantage utiliser nos capacités numériques de sorte à assurer la continuité du débat.

Norbert Lammert, président de la Fondation Konrad Adenauer, a apporté un éclairage intéressant sur l’histoire de l’Allemagne, en particulier sur les 30 dernières années qui ont suivi la réunification. Il s’est exprimé sur la perception de l’opinion publique et l’influence des médias sociaux, sur l’Est et l’Ouest de l’Allemagne aujourd’hui, et sur la situation dans l’Union. Selon Norbert Lammert, les évolutions survenues au cours des dernières décennies ont entraîné un changement dans le suivi de l’opinion. «Nos résultats indiquent que l’influence des médias sociaux sur les organisations politiques est considérable, et au moins aussi traumatisante que certains systèmes.» Toutefois, les conditions n’ont jamais été aussi bonnes que ces dernières années. Norbert Lammert a conclu ces deux jours de réunion en déclarant: «au cours des trois dernières décennies, les attentes des citoyens ont dépassé les résultats obtenus».